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Claire Lelarge « Le club m'a soutenu de A à Z »

La Française de 31 ans, Claire Lelarge, revient d’un très long combat contre la maladie. En tout début d’année 2024, le 4 janvier, elle apprend, après une IRM passée en urgence, le combat qui l’attend. En effet, elle est diagnostiquée d’un lymphome hodgkinien. Après une année de bataille, la première bonne nouvelle tombe le 2 décembre, où elle remporte officiellement le premier défi contre le cancer, quasiment 1 an après la découverte de celui-ci. 

Sur la phase de reprise depuis quelques semaines, elle est enfin autorisée à reprendre l’entraînement collectif et pourra être de nouveau qualifiée pour les rencontres. Claire Lelarge nous parle de son combat et de son futur.


La première chose qui nous importe, c’est comment tu vas et comment tu te sens ?
Je me sens très bien dans mon corps et en forme. Les nouvelles sont bonnes, je commence à monter en puissance et je vois une évolution, donc c’est rassurant. Tout semble ok pour pouvoir jouer correctement.


Peux-tu nous raconter les différentes étapes de cette maladie, des premiers signes en fin d’année 2023 à aujourd’hui ?
J’ai commencé à avoir des symptômes un peu avant décembre 2023 (courbatures au thorax, difficultés pour respirer), mais ça s’est vraiment déclaré en décembre où j’étais souvent malade, je ne pouvais plus m’entraîner. Au lendemain du Nouvel An, je me suis réveillée, j’étais gonflée, mon corps était en train de se remplir d'eau, je me noyais de l’intérieur sans le savoir. J’ai dû passer un examen qui montrait que j’avais une énorme masse qui était en train de compresser mon thorax. Ensuite, je suis allée aux urgences et tout s'est enchaîné très rapidement. Des opérations, une biopsie, pour savoir ce que j’avais concrètement. Ce qui était révélé, c’est que j’avais un lymphome d’Hodgkin (maladie du sang, des ganglions). J’étais choquée ! En tant qu’athlète de haut niveau, mon corps est mon meilleur ami, c'est mon outil de travail qui à ce moment-là se retourne contre moi. J’étais un peu perdue à me dire comment je vais me débrouiller. J’ai enchaîné de la chimiothérapie pendant cinq mois non-stop, toutes les deux semaines. Durant l’été 2024, j’ai passé un examen pour voir les résultats. La maladie était encore présente. On voyait d’où elle venait, c’était très dur à digérer. En voyant ça, j’espérais que la fin soit proche. J'ai subi cinq mois très compliqués, je n’étais plus une athlète, je n’avais plus de muscles, mon corps avait complètement changé, je dormais tout le temps, je ne voulais plus faire de chimiothérapie. Finalement, ce sont des rayons qui agissaient sur moi et l’inconnu m’a aidé. Je me suis dit : « Go, on fonce ». Cette phase s'est très bien passée, ça a duré un mois entier (août). Une fois fini, j’ai laissé mon corps se reposer pendant plusieurs mois. Mon dernier examen a montré qu'il n’y avait plus de traces de la maladie. C’était un sentiment de bonheur !

Est-ce que les petites attentions de la part du club et de tes coéquipières t'ont particulièrement touchées ?
Tu es obligée d’être touchée. Une vague arrive sur toi, tu es déboussolée. Ce sont des choses que l’on ne souhaite à personne. On ne sait pas comment on va s’en sortir et si on va s’en sortir. Mes coéquipières sont venues me voir à l’hôpital, certaines tous les jours. Sinon, c’étaient des appels. Je n’ai pas eu énormément de temps pour jouer avec certaines joueuses, mais elles ont toujours été là pour moi, je me sentais réellement soutenue. Passez du temps avec elles, tu oublies tout et tu te dis, c'est ça le véritable esprit d’équipe. Je savais que j'allais rigoler, je continuais à suivre l’équipe malgré tout. Au niveau du club, David Ménard (Directeur Administratif et Vie Sportive) est venu me voir à l’hôpital. J'ai reçu des messages du président et plus globalement des salariés. Le club m'a soutenu de A à Z, il ne m’a jamais laissé tomber.


Décris-nous tes sentiments et tes émotions au moment d’apprendre que ta carrière de footballeuse n’est pas finie et la première fois où tu as pu retourner sur un terrain de football en tenue ?
J’avais un peu appréhendé la visite à la médecine du travail, ce sont des choses que tu ne maîtrises pas. C’est une autre personne qui décide si tu peux continuer ou pas.  J’ai dû voir un cardiologue, pour voir comment réagissait mon corps à l’effort. Quoiqu’il arrive aucun risque n’allait être pris et entre temps la bonne nouvelle est tombée donc il n’y avait pratiquement plus aucun obstacle. Dans ma tête je m’étais directement dis que je n’allais pas reprendre tout de suite, donc ça aide aussi à mieux digérer les choses. J’ai commencé par me remuscler physiquement avant de reprendre le cardio. Finalement, j’ai gagné du temps en faisant ça. Ça a été un énorme soulagement quand j’ai reçu le feu vert, j’étais comme une enfant, qui peux refaire ce qu’elle aime le plus au monde. Il y a également eu des moments difficiles, tu te compares à celles sur le terrain, il a fallu poser des mots et fixer des objectifs. J’appelais souvent mes parents et mes amis qui m’aidaient beaucoup à relativiser. 

Maintenant, on peut se projeter vers l’avenir et parler du sportif. Votre prochain match a une saveur particulière pour toi, vous allez affronter Le Mans, là où tout a commencé, c'est ton club de formation et ta ville de naissance. Tu as notamment fait tes débuts à 16 ans en première division, est-ce que finalement ce n’était pas écrit ?
Je l'espère que le destin fait bien les choses, mais pour le moment, je reprends à peine, je sens que j'ai des courbatures. Mon souhait serait de disputer quelques minutes déjà. Le fait d'être de nouveau qualifiable pour les rencontres, c'est déjà un immense bonheur. Concernant le match du Mans, on a une revanche à prendre par rapport au match aller. Je sais que ce sera une belle fête, les supporters seront géniaux avec moi, ils m'ont beaucoup manqué, même si j'étais par moment en tribune avec eux. Quand je reprendrai officiellement, une page sera tournée. À l'heure actuelle, j'ai encore du mal à m'imaginer tout ça.


Pour finir, on te laisse le mot de la fin. Tu es libre de nous dire ce dont tu as envie ?
J'ai appris que chaque problème avait une solution, il ne faut pas se prendre la tête, vivre simplement et pleinement la vie. Il y aura toujours des problèmes dans nos vies, mais l'important, c'est de savoir les affronter et non fuir en les repoussant, car ça n'arrangera rien. La vie est faite de plein de surprises, bonnes ou mauvaises. Ce qu'on a dans la tête, il y a que nous qui pouvons le gérer, il faut avoir un mental d'acier et des pensées positives. Malgré les problèmes, il faut juste profiter et ne pas se poser de question, car la vie est belle !