Aurélien Chedjou : "Un derby à Istanbul ? Une expérience à vivre"

Avec le numéro 22 floqué sur le maillot, il a fait honneur à la tunique lilloise pendant six saisons. Depuis l’été dernier, Aurélien Chedjou est parti écrire la suite de sa carrière du côté de Galatasaray. À travers un entretien en deux parties, le défenseur international camerounais s’est longuement confié à LOSC.fr. Dans un premier temps, il nous parle de sa nouvelle vie en Turquie.

Aurélien, bonjour. Tout d’abord, comment vas-tu ?
Très bien, merci. Je crois que question climat, je n’ai pas trop à me plaindre de vivre à Istanbul. Après, sur le terrain, à l’heure de tirer le bilan de ma première saison à Galatasaray, je pense que j’aurais pu mieux faire…

Ah oui ? À quel niveau ?
Outre les blessures, j’ai surtout été victime de la loi sur les étrangers. Il faut savoir qu’en Turquie, chaque club ne peut aligner que six joueurs non nationaux dans son onze de départ lors des matchs de championnat. Nous étions douze étrangers en début de saison. Si certains sont partis depuis, les places restent toujours très chères.

Juste avant ton départ pour la Turquie, tu nous avais confié ton impatience de découvrir ce pays dans lequel le foot est une véritable religion. Après presqu’une saison d’expérience, confirmes-tu que c’est le cas ?
Totalement ! Ici, si tu sors, tu ne t’appartiens plus. Dès qu’un joueur évoluant dans l’un des trois grands clubs (Galatasaray, Fenerbahçe ou Besiktas) pointe le nez hors de chez lui, il a intérêt à se cacher. Des garçons comme Didier Drogba peuvent même créer une émeute ! Les fans de foot sont de vrais fanatiques, mais dans le sens positif du terme. Il n’existe aucune agressivité lorsqu’ils nous abordent.

Sur le terrain, à quoi ressemble le football turc ?
Ça ne calcule pas, ça attaque à tout va, de façon peut-être un peu désordonnée parfois. Tactiquement, les équipes sont moins rigoureuses qu’en France, mais cela a le mérite de développer un football débridé et porté vers l’attaque. Même lorsqu’un "petit" se rend chez un "gros", il y va pour gagner, sans fermer le jeu. Globalement, je pense que le championnat est moins homogène que la Ligue 1. En dehors des trois grands clubs d’Istanbul, on peut considérer Trabzonspor et Bursaspor comme d’autres concurrents.

À titre personnel, comment as-tu vécu ton intégration à l’équipe ?
Franchement, elle s’est déroulée de façon très naturelle. J’ai eu la chance d’arriver dans un groupe dont plusieurs membres sont francophones. Je pense à Didier (Drogba) ou à Emmanuel (Eboué). Je sais aussi me débrouiller en anglais et je parle maintenant quelques mots de turc, histoire de pouvoir m’orienter sur le terrain. L’ambiance dans le vestiaire est bonne, je n’ai ressenti aucune jalousie à mon égard de la part des joueurs qui évoluent à mon poste.

Figurer dans l’un des trois grands clubs d’Istanbul, c’est aussi s’offrir la possibilité de jouer les derbies dans leur incroyable atmosphère. Tu nous en parles ?
Pour un footballeur, c’est effectivement quelque chose d’exceptionnel à vivre dans une carrière. Je n’avais jamais vu ça ! Le public n’arrête pas de chanter, de l’avant-match à la 95e minute. Sans exagérer, tu n’entends pas ton partenaire qui te parle à cinq mètres sur le terrain ! C’est chaud-bouillant. Peu importe le résultat, les supporters sont toujours à fond derrière leur équipe. Ce qu’ils veulent, ce sont des combattants, des guerriers qui donnent tout pour leur club. Et puis il y a ce fameux rituel de l’échauffement. Chaque joueur est appelé par le kop. Il doit s’avancer vers la tribune et haranguer la foule d’un geste mimant un poing levé. C’est unique !

Côté sportif, le championnat est dominé par Fenerbahçe…
(il coupe) Oui, ils sont premiers avec une bonne longueur d’avance sur nous et vont rafler le titre. Je pense que nous avons perdu de précieux points tout au long de la saison sur des erreurs d’inattention. Mais nous n’avons pas à rougir de notre parcours, on a vécu une belle campagne de Champions League en sortant la tête haute contre un adversaire meilleur que nous (Chelsea, 1-1, 0-2 en 1/8e de finale). On fera mieux l’année prochaine.

Retrouvez prochainement la suite de cet entretien, avec notamment ses souvenirs lillois.