Le Ballon d’Or de la Coupe du Monde U20 est Lillois !

Ce week-end en Nouvelle-Zélande, la Serbie (victorieuse du Brésil, 2-1, ap en finale) est venue mettre un point final à une passionnante Coupe Du Monde U20. À l’heure de récompenser les acteurs majeurs de ce Mondial, Adama Traoré a été élu meilleur joueur du tournoi.

"Noss" dans tous les bons coups


Véritable métronome d’une surprenante équipe malienne (au sein de laquelle évoluait aussi les Lillois Youssouf Koné et Dieudonné Gbaklé), Adama Traoré a éclaboussé la Coupe du Monde U20 de sa touche technique et de son intelligence de jeu. Impliqué sur 7 des 11 buts inscrits par les Aiglons pendant le tournoi (4 buts, 3 passes décisives), "Noss" s’est  logiquement imposé comme la révélation du Mondial. Pour rappel, le Mali a chuté en demi-finale face à la Serbie (1-2, ap), avant de rafler la troisième place aux dépens du Sénégal (1-3). Un match au cours duquel Adama a d’ailleurs réussi un doublé. Assez pour lui attribuer le prestigieux Ballon d’Or Adidas du meilleur joueur de la compétition.

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Talent et humilité


« Honnêtement, je ne sais pas lequel des deux trophées me fait le plus plaisir : la médaille de bronze ou ce Ballon d'Or. La seule chose dont je suis sûr, c'est que je suis très heureux ! », a confié le milieu de terrain lillois à FIFA.com, juste après avoir reçu son trophée avec humilité. « Je ne suis qu’au tout début de ma carrière internationale ! Je suis un petit en sélection. Je ne peux pas avoir la prétention de penser que je suis un grand chez les U20. »

Maradona, Messi, Pogba… Traoré


Il faut dire que le garçon n’était pas inconnu du grand public. Apparu cette saison avec éclat en Ligue 1 (20 apparitions dont 10 comme titulaire, 2 buts), puis avec les A du Mali, Adama rejoignait sa sélection U20 avec le statut assumé de leader. Il succède ainsi à Paul Pogba, Sergio Agüero, Lionel Messi, Javier Saviola, Seydou Keita ou encore Diego Maradona au palmarès de ce Ballon d’Or Adidas.
 


 

Mais au fait, qui es-tu, Adama "Noss" Traoré ?

 
Partons à la découverte du Ballon d’Or de la Coupe du Monde U20.

Trois matchs en D1 malienne et puis s’en va


« J’ai commencé le foot dans la rue, comme pas mal d’enfants au Mali. Vers douze ans, j’ai intégré l’Académie Jean-Marc Guillou (l’ancien international français a fondé plusieurs écoles de football à travers le monde, dont une à Bamako). En sortant, cinq ans après, j’ai signé à l’AS Bakaridjan, un club de D1 malienne, mais je n’y ai disputé que trois matchs avant de me blesser à la cheville, puis de partir au LOSC. D’abord pour me faire soigner et pour intégrer le centre de formation. »

Vol direct Bamako-Lille


« Quand je jouais à l’Académie, plusieurs recruteurs de clubs européens venaient nous observer régulièrement. Dans le lot, je me souviens qu’il y avait le PSG, Monaco et Lille. J’ai rapidement fait la connaissance de Christophe Jeannot (superviseur du LOSC pour l’Afrique). Avec mon agent, qu’il connaît bien, ils m’ont invité à participer à un essai à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Je m’y suis rendu avec Youssouf (Koné) et Dieudonné (Gbaklé). Nous avons tous les trois été recrutés par le LOSC.»

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Un crochet par la Belgique


« Je suis arrivé en France là l'hiver 2013, mais je vis toujours au Domaine de Luchin. Le club m’a d’abord prêté à Mouscron pour six mois. Au départ, c’était difficile, il fallait s’habituer à un nouveau climat. Il fait très froid ici (sourire). Et puis les terrains sont différents. Au RMP, nous étions quelques jeunes à nous entraîner avec le groupe pro pendant la semaine, mais à jouer en réserve le week-end. J’ai finalement disputé deux matchs avec l’équipe A, alors entraînée par Rachid Chihab. Il m’a beaucoup fait progresser tactiquement, car au début, j’avais du mal à me placer. J’étais un peu perdu. Le fait de côtoyer des joueurs plus âgés m’a aussi aidé. »

Un numéro 10 "à l’ancienne"


« Dans la rue, je jouais attaquant. Ce n’est qu’à l’Académie que le coach m’a replacé numéro 10. J’ai toujours été à l’aise techniquement. (son visage s’illumine) J’aime dribbler, provoquer, faire des décalages, des passes décisives. Je suis gaucher, mais je pense être aussi à l’aise du droit. Il m’arrive parfois d’évoluer plus bas, en 8. C’est le coach qui décide. Moi j’essaye de m’adapter. J’ai beaucoup travaillé ma frappe et ma vitesse depuis que je suis en Europe. »

Déjà dans le (grand) bain


« J’ai intégré le groupe pro cet été pendant les stages de préparation. Ça ne reste pas un super souvenir puisque je suis tombé malade. J’ai commencé la saison en CFA avant de m’entraîner progressivement avec l’équipe première. On m’y a bien accueilli. Mes débuts en Ligue 1 ? C’était à Nice (1-0, le 24/09). Puis j’ai été titularisé pour la première fois face à Lyon (3-0, le 05/10). Le coach m’a dit de jouer comme je savais le faire, sans me poser de questions. J’étais un peu stressé, mais dès mon premier ballon, je me suis senti mieux. Le niveau est quand même beaucoup plus élevé. »

Un premier but du droit pour un pur gaucher


« C’était contre Evian TG (1-0, 07/01). (ses yeux se perdent dans ses pensées) Sur le moment j’étais le plus heureux du monde. C’était incroyable de voir tout le stade se lever d’un seul coup. Lorsque je me suis retrouvé en position de frapper avec le pied gauche, je me suis dit que mon tir serait contré par un défenseur. Alors j’ai crocheté et j’ai tenté ma chance du droit. Quand j’ai vu le ballon au fond, je n’y croyais pas, je me suis mis à courir partout. J’étais vraiment content. Tous mes partenaires m’ont félicité et encouragé. »

Gueye comme modèle, Messi et Ronaldinho comme idoles


« Je parle souvent avec Idrissa Gueye qui me donne beaucoup de conseils, comme le fait de travailler comme un fou à l’entraînement et de ne penser qu’au foot. Il a vécu la même chose que moi il y a quelques années : l’arrivée en Europe, la découverte d’un nouveau monde. Et il a réussi à devenir un titulaire. C’est un grand joueur. Quand j’étais petit, mon idole était Ronaldinho. J’essayais toujours de reproduire ses dribbles. Aujourd’hui, je suis vraiment un grand fan de Lionel Messi. »
 


 

"Noss" vu par Stéphane Adam, son coach en CFA, une partie de la saison dernière.


Un meneur de jeu dynamique. « Adama est un vrai joueur de ballon, comme on dit. Il dispose de grosses qualités techniques, ainsi que de bons appuis. Sa première touche de balle, son dynamisme et sa vivacité lui permettent de se mettre dans le sens du jeu, d’animer et de faire jouer les autres. Il est également capable de marquer, comme il l’a démontré face à Évian TG (victoire 1-0, le 07/01/15). Il a participé à la préparation estivale chez les pros avant de revenir en CFA, avec laquelle il a disputé le début de saison. Il est alors progressivement monté en puissance. »

Un palier franchi, mais d’autres à surmonter. « Il a su montrer qu’il était capable de hausser son niveau de jeu, de franchir un vrai palier. Il enchaine désormais les matchs et commence à se montrer en Ligue 1. Adama possède encore d’une marge de progression, notamment sur le plan défensif, même si son intégration dans le groupe pro lui a permis de mieux se situer. Il est assez frêle, mais possède cette capacité à éviter les duels, en étant toujours en mouvement et dans les intervalles. »

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Adama "Noss" Traoré


Né le 28 juin 1995 à Bamako (Mali)
1m78, 72kg
Milieu de terrain offensif

Clubs : Académie Jean-Marc Guillou de Bamako, AS Bakaridjan, LOSC (janvier 2014), Royal Mouscron Peruwelz (janvier-juin 2014), LOSC (depuis juin 2014)

International malien U20, puis A

Palmarès : Médaille de bronze à la Coupe du Monde U20 - Ballon d’Or Adidas U20 à la Coupe du Monde U20