Génération doublé 2011, le LOSC dans le sang

PAR MAXIME POUSSET

Il y a dix ans, alors enfants ou ados, ils ont vécu l’épopée 2011 avec le coeur haletant, une écharpe et un maillot LOSC sur le dos. Eux, ce sont ces gamins de la « génération doublé », qui ont grandi avec les étoiles dans les yeux et dont certains aujourd’hui portent toujours le maillot... mais cette fois en tant que joueurs !

ChGénérationDouble_texte_principal1.jpg« J’ai toujours été fan du LOSC », confie Rocco Ascone, 17 ans aujourd’hui, plusieurs fois convoqué avec l'équipe première cette saison et qui a justement signé au LOSC en... 2011. « Je venais au Stadium quand j’étais enfant, avec mes parents et des amis à eux qui sont eux aussi supporters. On était une dizaine. Je m’y sentais chez moi, comme si les autres personnes en tribunes étaient de ma famille. Un jour, j’ai été invité à être escort kids pour un match. Et j’ai eu la chance d’entrer sur la pelouse avec Eden Hazard qui était alors mon idole. Ça reste un immense souvenir, comme cette fois où, quand j’avais 9 ans, mon parrain qui connaissait bien Florent Balmont l’avait invité pour l’anniversaire de mon cousin. Il est arrivé à la maison avec Rio et Eden, comme une sorte de cadeau surprise. Je me souviens qu’on avait trop peur de leur parler. »
 

« Entre Lille et Lens, il n’y avait pas photo »


Son coéquipier, le gardien de but Lucas Chevalier, 19 ans, est lui aussi un enfant du LOSC, même s’il a grandi à l’autre bout de la région : « Dans mon quartier, à Coquelles, on jouait tout le temps à cinq. Il y avait mon frère, qui était alors pour l’OL, un Lensois et deux Lillois. Quand on faisait un foot, on se tirait la bourre, on choisissait chacun d’incarner un joueur. Moi c’était Michel Bastos, mon joueur préféré. Je tentais des grosses frappes, de grosses "Bastos" comme lui. Trois ans après, le LOSC et le RCL m’ont proposé de signer, je n’ai pas hésité une seconde. Entre Lille et Lens, il n’y avait pas photo ! »

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En 2011, le défenseur Corentin Halucha avait 15 ans et portait déjà le maillot des Dogues. « C’était mon année de seconde. Je venais d’entrer au Lycée Jean Perrin de Lambersart en sports-étude car j’étais encore trop tendre pour intégrer Luchin. Le rêve a toujours été mon carburant et cette année-là, j’étais en plein dedans. J’arrivais à un âge où je commençais à me projeter dans une carrière. Il y avait Luchin en ligne de mire, le grand stade qui sortait de terre et bientôt le doublé qui est venu propulser le LOSC tout en haut… Pour un supporter comme moi, c’était énorme », se souvient celui qui se qualifiait de « groupie de Yohan Cabaye, parce qu’il est de Tourcoing, comme moi » et qui évolue aujourd’hui à Wasquehal aux côtés de Geoffrey, le frère de Yohan et sous la présidence de Didier, son papa. 
 

« Les mecs que j’idolâtrais sont devenus mes coéquipiers »


En rejoignant les rangs du LOSC, nos baby-Dogues biberonnés à la génération 2011 se sont aussi offert la perspective de toucher du doigt leur rêve de gosse, celui de poser un pied dans ce vestiaire qui hier encore accueillait leurs idoles. En l’espace de quelques mois, Corentin Halucha est passé de supporter à partenaire. « D’un seul coup, des mecs que j’idolâtrais sont devenus mes coéquipiers. Quand tu es de nature timide, que tu as 18 ans et que tu arrives dans le vestiaire où les mecs te taquinent, ça fait tout drôle. Je me souviens que la première fois que j’étais à côté des Balmont, Rozehnal, Gueye, De Melo, Mavuba ou Béria, je ne sentais plus mes mains. Et puis tu constates très vite le niveau des gars sur le terrain. Ce sont des monstres. J’avais l’impression qu’ils comprenaient avant moi ce que j’avais moi même en tête. Tout était automatisé. Le ballon arrivait et bam ! Ils s’orientaient, ils te le passaient parfaitement comme tu voulais le recevoir. Le foot devient plus facile quand tu joues avec ce genre de grand joueur. »

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Lucas Chevalier est du même avis : « La première fois que je suis allé à l’entraînement avec les pros, j’avais 16 ans. Je me souviens avoir été frappé par la puissance des tirs que je devais arrêter. J’ai vraiment mesuré l’écart qui existait avec le haut niveau. C’était fort, propre, rapide. Mike Maignan, qui est pour moi le meilleur gardien français aujourd’hui m’impressionnait. Je l’ai beaucoup observé : ses mimiques, la façon dont il s’entraîne. C’est quelqu’un de très exigeant envers lui-même, mais aussi envers les autres. Si je ne suis pas concentré dans nos séances, il va le remarquer et me reprendre. Aujourd’hui, je sais qu’il m’apprécie et je fais chaque jour en sorte d’être le plus précis possible. »

Parce que la patience et le travail sont les seules choses qui séparent un rêve d’un objectif, nos baby-Dogues ont bossé. Beaucoup. Dix ans après, l’utopie est devenue plus qu’un quotidien, c’est désormais leur métier. « J’ai toujours porté ce maillot avec une immense fierté. Et quand cette année j’intègre le groupe pro, je fais quelques bancs et je participe à une saison aussi exceptionnelle, je me dis que j’ai vraiment beaucoup de chance », savoure Rocco Ascone. Lucas Chevalier de conclure : « Il y a encore quelques temps, je prenais Burak Yilmaz quand je jouais à FIFA. Aujourd’hui, je m’entraîne avec lui. »

Qui sait, dans dix ans, combien de jeunes gamers de FIFA issus de la "génération 2021" retrouvera-t-on à s'entraîner avec les pros du LOSC ?

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