​Stéphane Pichot, Dogue d’hier, d’aujourd’hui et de demain

PAR MAXIME POUSSET
 
Le public lillois l’a découvert au début des années 2000, avant de le voir se révéler aux yeux de l’Europe. Puis il a assisté à sa reconversion en tant que formateur, au crépuscule d’une riche carrière de joueur achevée sous le maillot mouscronnois voisin. Aujourd’hui, Stéphane Pichot est à la tête de la réserve du LOSC en National 3. Un projet qu’il aborde avec enthousiasme et une passion intacte pour le club de son cœur. Entretien.

Tu as aujourd’hui 44 ans, dont une douzaine d’années vécues dans la région lilloise. Peut-on dire que le Nord est ta terre d’adoption ?

Vu le nombre d’années passées ici, de relations créées, je pense que oui. Ma femme est Nordiste, mes enfants sont tous nés à Lille. J’ai vraiment été adopté par cette région. Dès mon arrivée en tant que joueur, en 2000, je me suis immédiatement retrouvé dans ces valeurs de travail, d’accueil, de relations fortes parfois tissées très rapidement et qui restent dans le temps. Toutes ces valeurs de la région, du club me parlent, me correspondent. J’aime le LOSC, c’est viscéral.

 

Ce club, tu l’as justement vu évoluer, que ce soit en tant que joueur dans les années 2000, ou de formateur, une quinzaine d’années plus tard. Que représente-t-il pour toi ?

Il est spécial à plus d’un titre. Quand je suis arrivé de Laval, le LOSC montait en D1 sous l’ère Vahid Halilhodzic. Nous avons vécu des saisons exceptionnelles en s’inscrivant à la base des fondations de ce qu’est le club aujourd’hui. C’est donc une grande satisfaction d’avoir été là à ce moment-là. Le LOSC a ensuite grandi très vite, d’abord en répétant des parcours européens, puis par la création du Domaine de Luchin, du Stade Pierre Mauroy… Il y a eu des changements, mais toujours dans une volonté de progresser.



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En 2019, tu as mené les U17 du LOSC jusqu’en finale du championnat de France. Que gardes-tu de cette expérience ?

Forcément de bons souvenirs. On avait réussi à fédérer un groupe de garçons qui, je pense, avaient fait leur maximum cette saison-là. Certains sont partis, d’autres sont encore là. Après, atteindre une finale nationale n’est pas une fin en soi. Pour nous, formateurs, la mission consiste à mener nos joueurs à l’équipe première. C’est bien d’avoir des résultats sportifs, car les meilleurs éléments s’épanouissent toujours mieux dans un bon collectif, mais l’objectif, celui qui nous a été fixé par la direction, reste que des joueurs issus du centre de formation et de la région intègrent l’équipe première.

 

Tu viens de passer deux saisons au Mans en tant qu’entraîneur adjoint en Ligue 2. Qu’as-tu appris là-bas ?

C’était ma première expérience chez les Séniors. Si je suis parti du LOSC, c’est uniquement parce que je ne pouvais pas obtenir cette opportunité ici à l’époque. J’ai donc relevé ce challenge d’intégrer un staff pro en Ligue 2 en tant qu’adjoint. Pendant ces deux années, j’ai beaucoup appris en termes de management, d’écoute, de gestion d’un effectif professionnel sénior, différent de la formation. J’ai aussi pu apporter mon expérience d’ancien joueur. C’était une étape importante dans mon processus de développement et je pense être aujourd’hui mieux armé pour former les jeunes joueurs.

 

"L'exigence de là-haut, il faut l'avoir ici

 

Cet été, tu as fait ton retour au LOSC en tant qu’entraîneur de l’équipe réserve. Après avoir été formateur, puis adjoint chez les pros, te voilà dans un nouveau métier, celui d’entraîneur principal d’une équipe réserve.

Coacher un groupe Pro 2 ne représente effectivement pas le même travail. Il y a dans mon effectif des garçons en post-formation, d’autres un peu plus expérimentés à qui on ne parle pas de la même manière, bien que le but ultime reste le même, à savoir développer les joueurs à travers des séances de travail spécifiques et individualisées, notamment. Pour ça, il faut créer un fort état d’esprit club, savoir être patient et lucide sur ses prestations. Le groupe possède plusieurs objectifs. Le pro qui descend pour avoir du temps de jeu, le blessé qui revient pour acquérir du rythme, le jeune qui pousse pour voir plus haut, ou le joueur intermédiaire qui veut jouer le plus possible pour se montrer. Mais à côté de ces objectifs individuels, il y a une compétition collective à disputer. Tout le monde doit donc tirer dans le même sens. Le professionnel doit donner l’exemple aux jeunes. Et le jeune qui monte de temps en temps chez les pros doit savoir redescendre avec le même état d’esprit, en se disant que l’exigence de là-haut, il doit la garder ici.



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Quel est le grand objectif de la formation lilloise ?

Le projet global, celui qui m’a donné envie de revenir au LOSC, consiste à remettre la formation du club au premier plan, même si on sait tous qu’il n’est jamais facile de lancer des jeunes joueurs dans une équipe qui joue le haut de tableau et des compétitions européennes. Mais je trouve déterminant, voire obligatoire pour un club avec le statut et les valeurs du LOSC d’avoir des joueurs issus de son académie dans son équipe première.

 

Et pour ça, il faut d’abord passer par la case National 3. Quel regard portes-tu sur ce championnat dans lequel ton équipe évoluera cette saison ?

Je ne suis pas certain qu’il soit moins relevé que le championnat de National 2. Le groupe Nord de N3 est toujours réputé pour être très costaud et je constate que beaucoup de nos adversaires se sont renforcés avec des joueurs ayant évolué en N2, voire plus haut. On aura donc à faire à des équipes très matures par rapport à la jeunesse de notre effectif. Je m’attends à souffrir. Ce sera un bon challenge pour nos jeunes joueurs, que de se mettre au niveau.



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À propos de niveau, la réserve du LOSC aurait pu être repéchée en N2 cette saison, mais le club a préféré disputer le championnat de N3. Pourquoi ?

Nous sommes vraiment dans une année de transition. Le LOSC est en train de mettre en place des choses pour les années futures. C’est donc une saison charnière, déterminante qui ne sera pas évidente. Le timing pour accéder à la N2 n’était donc pas le bon compte tenu de notre effectif. Tout le monde a été unanime sur la décision prise en interne de rester en N3. Nous préférons ne pas mettre la charrue avant les bœufs et ne pas perdre de temps en allant trop vite.

 

Quelles sont tes relations avec Jocelyn Gourvennec, l’entraîneur de l’équipe première ?

Nous travaillons ensemble au quotidien. J’ai la chance d’avoir à faire à un entraîneur de l’équipe professionnelle qui prend du temps pour nouer une relation de qualité et je l’en remercie. Notre but est de mettre en place une passerelle avec, je l’espère, la meilleure réussite au bout. Je pense qu’il s’agit du meilleur moyen pour qu’il y ait un lien entre la formation, la post-formation et l’équipe première. Plus ce lien sera fort et plus les échanges entre pros et jeunes seront facilités.


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Stéphane Pichot



Né le 2 septembre 1976 à Ernée (Mayenne)

Défenseur latéral droit, puis entraîneur



Carrière de joueur : CS St-Pierre-des-Landes, Ernéenne Foot, Stade lavallois (1996-2000), LOSC (2000-2004), Paris Saint-Germain (2004-2006), FC Sochaux-Montbéliard (2006-2009), RC Strasbourg (2009-2011), Royal Mouscron-Peruwelz (2011-2014)



Carrière d’entraîneur : Royal Mouscron-Peruwelz (entraîneur adjoint-scout, 2014-2015), LOSC (entraîneur des U15, puis des U17, 2015-2019), Le Mans FC (entraîneur adjoint, 2019-2021), LOSC (entraîneur réserve, depuis 2021)



Palmarès : Vainqueur de la Coupe de France 2006 et 2007 ; Champion de D3 belge (2012), vainqueur du tour final de D2 belge (2014)



International Espoirs (2 sélections)

 


Sebastien Pennacchio, plus qu’un adjoint



C’est un autre homme du LOSC qui y a effectué son retour cet été. Formé chez les Dogues, Sébastien Pennacchio y a également achevé sa carrière en 2017, au sein de l’équipe réserve, avant d’y entamer lui aussi une reconversion en tant que formateur. Après deux riches expériences aux Chamois Niortais (2019-2020), puis au Royal Excel Mouscron (2020-2021), "Penna" a retrouvé son LOSC cet été, dans la peau de l’adjoint d’un Stéphane Pichot qu’il connaît très bien.

 

11_1.jpg« Ma relation avec Seb Pennacchio est très bonne, nous sommes sur la même longueur d’ondes dans ce qu’on veut faire, dans la mentalité qu’on veut insuffler à ce groupe, au club, mais aussi dans la rigueur qu’on veut poser dans notre cadre de travail », résume Stéphane Pichot, qui a évolué aux côtés de cet ancien milieu de terrain, sous le maillot de Mouscron.

 

« On aime travailler ensemble et on s’entend bien. Ça nous permet de nous dire les choses telles qu’elles sont et par moment de ne pas être d’accord. Mais ça nous fait avancer. C’est comme ça que je vois le lien entre l’entraîneur et son adjoint. Et c’est ce que j’ai appris pendant ces deux saisons au Mans. Seb est autant entraîneur que moi. Il connaît la particularité des réserves, puisqu’il avait rejoint celle du LOSC pour y jouer le rôle de cadre à la fin de sa carrière. Il sait ce que les cadres du groupe doivent amener. »

 

Pourtant entre les deux hommes forts de la N3 lilloise, le début de relation avait été plutôt électrique… Stéphane Pichot le confirme dans un sourire : « On s’était un peu accroché sur le terrain lors d’un Strasbourg-Bayonne. On était tous les deux capitaines de notre équipe et il y a eu une altercation avec un jeune joueur strasbourgeois. J’ai voulu le protéger et lui a voulu en faire de même avec son coéquipier. Le ton est un peu monté (il se marre). »