Adil Rami (1/2) : ''Parti de rien''
Durant l’intersaison estivale, un sacré phénomène a quitté le LOSC. Adil Rami, le défenseur central des Dogues, s’est s’envolé pour l’Espagne, direction Valence CF. Avant de partir, l’international français s’est arrêté une dernière fois en tant que Lillois pour LOSC.fr et a livré une interview touchante, sincère, drôle, à l’image du personnage. Découvrez la première partie de cet entretien.
Adil, bonjour. Si on t’évoque le mot « LOSC », qu’est-ce que cela t’inspire ?
Plein de choses : l’adoption, mes débuts, mes premiers pas, mes premiers buts, l’équipe de France, la coupe d’Europe et pour conclure, les deux titres. Tout restera gravé à jamais en moi. Étant donné que je ne suis parti de rien, oui, c’est évident que ce terme représente beaucoup.
Te rappelles-tu de ton arrivée au club ?
Je m’en souviens parfaitement. J’avais emménagé dans un petit appartement, mais je ne pouvais pas me déplacer facilement car je n’avais pas encore de voiture. C’était un peu la galère... Malgré cela, j’ai vécu une très bonne année de CFA, avec un classement final sur le podium.
Justement, cette saison avec l’équipe amateur, que peux-tu nous en dire ?
À l’époque, j’évoluais déjà avec Aurélien Chedjou, Jerry Vandam, Emerson, bref, pas mal de pros ou futurs pros. Ça représente le démarrage de l’aventure lilloise, avec le stress de ne pas savoir de quoi sera fait le lendemain. Il fallait toujours penser à progresser. Mais on avait surtout une envie énorme d’avancer ensemble.
Puis c’est l’entrée chez les pros...
Ah ça, c’est quelque chose d’important, d’inimaginable à la base. Je voyais cela vraiment trop grand pour moi. Puis au fur et à mesure, j’ai commencé à y croire. Je me souviens avoir subi une grosse pression, celle de vouloir bien faire face à des mecs qu’on ne voyait jouer qu’à la télé. On se disait « ça y est, on s’entraîne enfin avec eux ».
Derrière, tu vis quelque chose de fabuleux à Auxerre (2-1), le 19 mai 2007. Tu nous racontes ?
C’était la troisième trois fois que j’intégrais le groupe pro. Et cette fois-là, on décide de me titulariser… Franchement, j’ai eu peur ! Mais j’ai débuté le match en me disant que tel était mon destin. Quoi qu’il arrivait, j’allais faire mon match, tout donner. Après, on y prend vite goût et on n’a plus envie de rien lâcher. Du coup, hormis durant la période de ma blessure (contractée face à Lorient, 0-0, le 14 août 2007), je n’ai plus jamais quitté ce poste.
"Je m’arrête avec le LOSC au pied des 130 participations en championnat."
Tes débuts furent extrêmement rapides finalement ?
C’est vrai que j’ai vécu ça de manière assez atypique. Il y a eu pas mal de départs dont ceux de Tavlaridis et Rafael. Puis il y a aussi eu la blessure de Nico Plestan. Du coup, personne ne pouvait véritablement m’aiguiller et j’ai dû réaliser mon apprentissage tout seul, sans un équipier mature pour me guider. Mais même si c’était un peu délicat, je ne regrette rien.
Revenons sur cette vilaine blessure au genou. Comment l’avais-tu encaissée ?
Difficilement. Je n’avais pas vraiment eu le temps de me faire connaître dans le monde pro que déjà, j’ai dû le quitter un certain temps. Je me suis demandé si j’allais pouvoir revenir, obtenir une deuxième chance de me montrer. Je n’avais pas envie de passer à côté d’une carrière pro à cause d’un pépin de ce genre. En définitive, je réapparais quatre mois plus tard, en CFA, histoire de reprendre le rythme et j’enchaine avec les pros presque directement, car avec le jeu des blessures et des suspensions, les portes s’ouvraient déjà pour moi. Je me rappelle que c’était à Nancy (2-0, le 24 novembre 2007).
Tu as connu le cap des 100 matchs avec le LOSC. Ça doit être fort à vivre ?
Sincèrement, je ne pensais pas en faire autant en si peu de temps. Mon objectif de départ était d’abord d’essayer d’intégrer le groupe pro, puis de tenter d’y rester. Tout ça s’est passé si vite. Arrivé à 100, j’ai ressenti une certaine fierté, c’est vrai. Et je m’arrête avec le LOSC au pied des 130 participations en championnat (Adil en comptabilise 129 exactement). Désormais, je me considère vraiment comme un pro ! (il sourit)
Ton premier but en Ligue 1, contre l’Olympique Lyonnais (2-2, le 18 octobre 2008), qu’en retiens-tu ?
Que c’était un moment fort… J’avais perdu ma grand-mère dans la semaine qui précédait ce match. Je ne pensais qu’à ça. Et là, d’un coup, je marque mon premier but dans une période un peu triste, le tout, à Gerland, face à la meilleure équipe française du moment dirigée par le coach qui m’avait lancé (Claude Puel). Forcément, tout ce mélange m’a procuré beaucoup d’émotion.
Effectuons un retour en arrière concernant ton premier contrat pro. Vous étiez huit à signer à cette époque, dont Eden Hazard, Aurélien Chedjou et toi. Quel souvenir en gardes-tu ?
C’était assez drôle. Il y a eu une salve de prolongations pour pas mal de jeunes. Je les voyais sortir un par un, avec une signature d’un contrat pro d’un an. Puis mon tour est arrivé. Dans le bureau se trouvaient Pascal Plancque et Jean-Michel Vandamme. Ils m’ont questionné sur mes ambitions. Je leur ai répondu que je voulais devenir pro, grandir avec le LOSC et tenter d’avoir ma chance. Ils m’ont donc proposé de rester un an. Mais par souci de tranquillité, je leur ai demandé de pouvoir signer plutôt deux ans. Ils ont accepté tout de suite. Ce fut le début de la belle aventure lilloise...