UN CLUB, DES CHAMPIONS

Le premier champion de l'après-guerre !

Dans une France libérée de l’occupant et qui entame sa lente reconstruction, le football professionnel revient offrir un peu de magie aux amoureux de ballon rond, après une trop longue coupure en raison du conflit mondial (bien que des championnats dits « de guerre » aient été organisés entre 1939 et 1945). Né un peu plus d’an plus tôt de la fusion de l’Olympique Lillois et du SC Fives, le tout récent LOSC domine le championnat et s’offre le tout premier titre du football français d’après-guerre. Meilleure attaque (89 buts marqués), deuxième meilleure défense (44 encaissés), les Lillois emmenés par leurs "vedettes" que sont alors Marceau Somerlinck, François Bourbotte, Jean Baratte ou encore Jules Bigot devancent Saint-Étienne et leur voisin (et rival) du CO Roubaix-Tourcoing. Cette fantastique génération (l’une des plus talentueuses de l’Histoire du Club) signe par la même occasion un mythique double Championnat-Coupe de France en remportant la finale contre le Red Star (4-2 à Colombes, la même année. Une saison majuscule qui positionne d’emblée Lille parmi les places fortes du football français.

Au bout du suspense !

Habitué à endosser le costume de dauphin en championnat (4 fois deuxième en 1948, 1949, 1950 et 1951) entre autres épopées en Coupe de France (7 finales dont 5 victoires entre 1945 et 1955 !), le LOSC parvient cette fois à dominer le redoutable Stade de Reims de Raymond Kopa. D’un point. Un tout petit point remporté lors d’une dernière journée de championnat en forme de finale triangulaire. En ce dimanche 16 mai 1954, le vieux Stade Henri-Jooris a fait le plein pour assister à cette ultime journée au suspense haletant. À 90 minutes de la ligne d’arrivée, Reims, Bordeaux et Lille sont en tête à égalité. Pendant que les deux premiers s’affrontent et se quittent dos à dos (1-1), la bande à Bieganski, Strappe, Baratte et Vincent accueille Nancy. Les Lillois, réputés cette saison-là pour leur exceptionnelle solidité défensive  (22 buts encaissés, meilleure défense du championnat), signent un récital face à Nancy (3-0) arrachent le deuxième titre de leur Histoire, huit ans après, sur le gong. Inutile de préciser que dans Lille, la semaine qui suit le sacre est on ne peut plus festive…

Un doublé pour l’Histoire

56 ans, c’est long. Le temps de voir passer une, voire deux générations de supporters, sevrés de titres (mais pas d’émotions) pendant plus d’un demi-siècle. Alors quand Rio Mavuba soulève l’Hexagoal de champion de France dans le ciel de Villeneuve d’Ascq quelques jours après avoir brandi la Coupe de France dans celui de Saint-Denis, c’est le peuple lillois tout entier qui frissonne, comme saisi par ce retour (mérité) du LOSC au sommet du football français. Comme en 1946, Lille signe un historique doublé Coupe-Championnat. Et comme les Dogues d’hier, la bande à Landreau, Rami, Balmont, Cabaye, Debuchy, Gervinho et Hazard a bâti sa légende au gré d’une saison remarquable à tous points de vue. Une attaque flamboyante (68 buts marqués), seulement 4 défaite (dont une seule à domicile) et un spectacle d’une rare intensité offert à un public conquis dans un Stadium vivant son avant dernière saison losciste.

Champions 4 You* !!!!

La prouesse est retentissante et la performance immense. Au cœur d’une Ligue 1 dominée depuis plusieurs années de la tête et des épaules par un PSG qatari à la puissance hors norme, le LOSC vient écrire l’une des plus belles pages de son Histoire, tel un David (Jonathan de son prénom) terrassant Goliath. Brique par brique, avec le cœur et les tripes, l’équipe de Christophe Galtier ramène l’Hexagoal au Domaine de Luchin au terme d’une saison marquée par la grande solidité défensive d’une équipe défaite seulement 3 fois, meilleure défense de L1 (23 buts encaissés) et accomplissant 21 clean sheets (pas mieux en Europe cette saison-là). Cet exploit, le LOSC de Burak Yilmaz, José Fonte, Benjamin André, Mike Maignan et Renato Sanches l’a accompli au cœur d’une saison particulière, marquée par une absence de public dans tous les stades en raison de la pandémie au Covid-19. Dix ans après le doublé, les Dogues pouvaient à nouveau défiler sur leur bus à impériale. Rouge de ferveur et de passion, les rues lilloises célébraient alors leurs héros après une saison on ne peut plus frustrante pour tous les amoureux du LOSC, obligés de vivre les exploits des Dogues à la télé.

* "Champions pour vous", en référence au public lillois confiné les soirs de match cette saison-là. Le quatrième championnat des Dogues leur a été dédié