Aurélien Chedjou : "Le LOSC m’a tout donné"

Ému sur la pelouse du Grand Stade dimanche soir au moment de faire un tour d’honneur, Aurélien Chedjou s’est confié en exclusivité à LOSC.fr. L’international camerounais, Dogue pour toujours, revient sur les plus belles pages de sa carrière lilloise alors qu’il s’apprête à s’envoler sous d’autres cieux…

Aurélien, bonjour. Quand tu es arrivé au LOSC en 2007, imaginais-tu vivre une telle carrière sous le maillot losciste ?
Pas du tout. J’étais même loin de l’envisager. Durant ma première saison (2007-2008), je ne suis apparu qu’à trois reprises avec les pros (deux fois en Ligue 1 et une en Coupe de la Ligue). Alors forcément, au moment de prolonger, j’étais convaincu que j’allais devoir chercher du temps de jeu ailleurs sous la forme d’un prêt. Puis des événements ont fait que je suis resté et que j’ai gagné la confiance du coach. Finalement, je suis là six ans après, fier de ce que j’ai accompli.

Avec derrière toi beaucoup de matchs. 153 en Ligue 1, 30 en coupes d’Europe, 206 en tout, des buts et des émotions…
Voilà, vous avez tout résumé. Le LOSC restera une très belle période de ma carrière. Et elle prend fin aujourd’hui, puisque j’ai décidé de tenter une nouvelle expérience. Quoi qu’il en soit, il restera mon club de cœur. J’y ai vécu de magnifiques émotions. D’ailleurs, pourquoi ne pas revenir dans quelques années ?

Qu’as-tu ressenti au moment de dire au revoir aux supporters, dimanche ?
Ce fut un sentiment bizarre. Je savais que ce moment serait particulier, mais pas à ce point là (il marque un temps d’arrêt, ému). Pour moi, ce n’est pas un "au revoir" mais un "à bientôt", car je reviendrai. Ce club, cette ville, cette région resteront gravés dans ma vie d’homme. Ici, j’ai beaucoup reçu, pas seulement professionnellement, mais également sur le plan privé. Je me suis attaché aux gens, aux supporters qui ont toujours été sympas avec moi.

Tu tournes finalement une page qui aura représenté six années de ta vie…
C’est tout à fait ça. Quand vous voyez les anciens partenaires partir, vous vous dites que vous resterez en contact, que ce n’est qu’un transfert, mais le jour où ça vous arrive, je n’irais pas jusqu’à parler d’un monde qui s’écroule, mais c’est une grosse porte qui se ferme. Je serai à jamais supporter du LOSC.

Qui aurais-tu envie de remercier avant de partir sous d’autres cieux ?
La liste est très longue : du personnel de restauration du Domaine de Luchin aux gens qui s’occupent de la pelouse, en passant par ceux de la cellule médias, tous les salariés, les dirigeants… tout le monde est important. Mais si je ne devais en sortir qu’un seul, ce serait Michel Seydoux. Il a toujours cru en nous malgré parfois des résultats pas toujours positifs. C’est quelqu’un qui aime vraiment son club et ses joueurs.

Quels souvenirs ne s’effaceront jamais de ta mémoire ?
Tous ! Je n’oublierai rien de ce que j’ai vécu ici. Mon premier match en Ligue 1 reste toutefois celui qui supplante les autres. C’était au Stadium, le 1er décembre 2007 face à l’OM. Dès la fin du match, mon téléphone a commencé à chauffer avec les nombreux appels que j’ai reçus du Cameroun. J’avais enfin eu la joie de jouer chez les pros en Ligue 1 !

Au rayon des souvenirs impérissables, on pense aussi au doublé, n’est ce pas ?
Forcément. Cela faisait 56 ans que le club n’avait rien gagné. Cette performance était  fabuleuse, mais elle l’était davantage car personne ne nous voyait rafler le titre en début de saison. Le reste se résume par de grandes émotions. Je pense que chacun d’entre nous n’oubliera jamais ce moment.

En évoluant au LOSC, tu as également intégré l’équipe nationale du Cameroun. Qu’est-ce que cela t’inspire avec le recul ?
Le LOSC m’a tout donné, que ce soit dans ma vie privée ou professionnelle. C’est par l’intermédiaire de mes performances sous ce maillot lillois que je suis devenu international A. Je tiens encore à remercier le club pour m’avoir permis de défendre un jour les couleurs de mon pays.

Y a-t-il un but qui te marquera à vie ?
Je dirais mon premier, face au Mans (3-0, le 20/12/09) de la tête, forcément. C’était exceptionnel et beau à la fois. Il était temps qu’il arrive car je commençais à me faire chambrer dans le vestiaire.

Ton repositionnement en défense centrale avec Rudi Garcia, que souhaiterais-tu en dire aujourd’hui ?
(il sourit) Je suis quelqu’un de têtu. J’avoue qu’au départ, j’étais plutôt réticent, mais au fil des performances et des commentaires reçus, j’ai compris qu’il s’agissait sans doute du bon poste pour moi. Il m’offre plus de responsabilités, même s’il a tendance à m’éloigner du cœur du jeu.  Et puis rien n’empêche de monter pour placer sa tête. Je suis donc heureux de cette reconversion. Je tiens d’ailleurs à remercier le coach Rudi Garcia pour cette initiative.

À un poste très exposé défensivement, tu n’as jamais écopé de carton rouge en L1. Comment l’expliques-tu ?
Pour être tout à fait franc, je ne m’en étais moi-même pas rendu compte. C’est l’un de mes followers qui me l’a récemment signalé sur Twitter (@AurelienChedjou). Cette statistique est assez rare et s’explique sans doute par le fait que j’ai été formé en tant que milieu de terrain. J’ai donc souvent tendance à anticiper les gestes des attaquants, évitant ainsi de tomber à chaque fois dans le défi physique.

Avant de nous quitter, voudrais-tu adresser un mot à tes partenaires ?
Je souhaite les remercier pour ce petit cadeau qu’ils viennent de m’offrir. Il s’agit d’un maillot dédicacé par l’ensemble du groupe surplombé du chiffre 6, mon nombre de saisons au LOSC. C’est le capitaine qui est venu me le remettre en main propre (il se marre). J’ai beaucoup apprécié et il rejoindra mes nombreux souvenirs lillois.

Rien à rajouter ?
Si, j’ai également une pensée pour Rudi Garcia. Je sais qu’il aurait aimé que je reste, mais en tant qu’ancien joueur, il comprend ma volonté de quitter le cocon pour voir ce qui existe ailleurs. Je le remercie lui aussi pour sa confiance et pour les mots qu’il a eus pour moi, même les plus durs. Car ils m’ont permis de me remettre en cause. Enfin, je ne pourrais pas partir sans un clin d’œil aux supporters. Sachez que même si je ne suis plus là, je reste près de vous. On partage maintenant la même passion, celle du LOSC !

Merci Aurélien et bonne continuation !