Axel, supporter lillois en route pour les J.O.

PAR MAXIME POUSSET

Il y aura au moins un Lillois à Rio, l’été prochain. À 25 ans, Axel Allétru défendra les couleurs tricolores et nordistes aux Jeux Paralympiques 2016. Mais qui est donc ce supporter lillois, ex-prodige du motocross, aujourd’hui grand espoir de la natation paralympique française ? Il nous livre sa courageuse histoire, véritable leçon de vie d’un passionné de sport qui veut réaliser ses rêves…

Bonjour Axel. Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Je m’appelle Axel Allétru, j’ai 25 ans et je suis athlète paralympique de natation. Avant d’être nageur, j’étais pilote professionnel de motocross. Le 27 juin 2010, pour ma première saison en pro, lors d’une course en Lettonie, j’ai été victime d’un grave accident… Ma colonne vertébrale a été touchée. Le verdict a été sans appel : je suis devenu paraplégique.

Tu as 20 ans. On t’annonce alors que tu ne marcheras plus…
Les médecins étaient vraiment pessimistes, c’est vrai. Ils m’ont rapidement confié que dans ce genre d’accident, il y avait peu de chances de remarcher. Quoi qu’il en soit, j’ai passé deux ans, six jours sur sept, en centre de rééducation, à l’Espoir à Hellemmes, pour essayer de récupérer le peu de muscles que je pouvais.

Y es-tu parvenu ?
Oui, j’ai réussi à recouvrer une partie de mes jambes, mes quadriceps, ce qui est déjà énorme. Si bien qu’aujourd’hui, je peux me déplacer avec deux canes et des attelles qui me maintiennent les mollets. Mais je dois sans cesse effectuer un travail d’équilibre, comme si je marchais en permanence sur les mains. J’avance, je recule, je pars sur le côté…


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Dès lors, tu es contraint de tirer un trait sur la moto.
Ce fut assez compliqué, car j’ai toujours pratiqué ce sport. Même si cet univers n’est pas très connu en France, il est conséquent à l’étranger. Je commençais à m’y faire un nom. Et là, brutalement, je me retrouve privé de tout ça, de mon avenir professionnel. Mais ma priorité a d’abord été de pouvoir remarcher. Je me suis vraiment concentré là-dessus. Puis en sortant de rééducation, à 22 ans, j’ai cherché un nouveau challenge…

Lequel ?
Celui de participer un jour aux Jeux Paralympiques. Mais je ne savais pas encore dans quelle discipline (sourires). J’en ai essayé pas mal en fauteuil roulant : l’escrime, le tennis, mais la natation s’est révélé être le sport qui m’a le plus plu. Car dans l’eau on se sent libre, presque comme un valide. J’en suis donc tombé amoureux. Et j’ai vite constaté chez moi de bonnes facultés à évoluer, notamment en sprint (50 et 100 mètres), en papillon et nage libre.

Médaille de bronze aux championnats de France de natation, 1 an après son accident

C’est le moins qu’on puisse dire, puisque tu rafles très vite la médaille de bronze aux championnats de France !
J’ai d’abord commencé à nager en rééducation, puis en club, à Ronchin. Je m’y suis investi à 200%. Si bien que j’ai rapidement été qualifié pour les championnats de France. Un an jour pour jour après mon accident, le 27 juin 2011, j’accroche le bronze… J’étais extrêmement surpris, mais ça m’a beaucoup encouragé. J’ai beau pratiquer le handisport, je m’entraîne comme les sportifs de haut niveau valides. Entraîneurs, infrastructures, muscu’, préparation mentale et physique, kiné, tests de proprioception, stages… Mon programme est exactement le même. Il est simplement adapté à mon handicap.
 

Voilà une photo intéressante car beaucoup de monde me demande comment je prends mes départs réponse en image !! Nabaiji photo by @oliviercomitenordnatation

Posté par Axel Allétru sur jeudi 24 mars 2016

 

​Aujourd’hui, cinq ans après, tu es qualifié pour les prochains Jeux Paralympiques (du 7 au 18 septembre à Rio de Janeiro). Ton objectif atteint, quelles sont désormais tes ambitions ?
(sans hésiter) Décrocher une médaille ! Et je pense en être capable. Le niveau est assez différent d’une olympiade à l’autre, mais généralement très homogène. Les Européens y occupent d’ailleurs souvent le podium. Cet objectif est atteignable dans ma classification. Car tous les nageurs handisports ne s’affrontent pas dans la même catégorie. Étant paraplégique, je ne vais pas concourir contre un athlète amputé d’un bras, puisque de mon côté, je nage sans mes jambes. Elles ne me servent que pour l’équilibre dans l’eau. Elles ne m’offrent aucune propulsion.

Tu es également un fervent supporter du LOSC. D’où te vient cette autre passion ?
J’ai toujours suivi les Dogues. Étant natif de Lesquin, je ne pouvais pas passer à côté. Avec les copains à l’école, on discutait souvent du LOSC. Bien sûr, il y a des saisons meilleures que d’autres, mais ça reste mon équipe. Je l’ai toujours supportée. Avec un ami lui aussi en fauteuil, je me rends au stade quand j’en ai la possibilité, car avec les compétitions, je suis souvent absent. Sinon, j’arrive tout de même à garder un œil sur les résultats. Même depuis l’étranger.


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Quel type de supporter es-tu ?
Je ne suis pas du genre à partir à la chasse aux photos. Je ne l’ai d’ailleurs jamais été. Même plus jeune, lorsque j’avais face à moi mes idoles de foot ou de motocross, je ne leur demandais pas d’autographe. En revanche, j’aimais les observer, décrypter leurs gestes, discuter avec eux. J’ai d’ailleurs passé plusieurs soirées avec Mathieu Debuchy…

Tu nous racontes ?
C’était en 2006, je faisais encore du motocross et j’étais en rééducation avec lui, qui était déjà pro au LOSC. On a sympathisé et fait quelques barbecues ensemble. C’est un garçon vraiment sympa, accessible, humain. D’ailleurs, si je devais choisir mon joueur préféré, ce serait lui (sourire).

Merci à toi, Axel pour ta disponibilité et bon courage pour les Jeux.

Pour aller plus loin, rendez-vous sur www.axel-alletru.com ou sur Facebook

© Photos Axel Allétru