L'interview

Christian Coste : "À Lille, je me suis fait des amis pour la vie"

Il fut l’un des meilleurs attaquants français des années 70. Dogue entre 1973 et 1977, Christian Coste garde un souvenir intense de ses années lilloises, lui le sudiste. En visite au Domaine de Luchin, puis à la Decathlon Arena Stade Pierre Mauroy en fin de saison dernière, le tout dernier buteur de l’Histoire du stade Henri-Jooris se souvient avec émotion de ses belles années en rouge et blanc.

Contexte : Le 4 mai dernier, nous rencontrons Christian Coste sur le parvis de la Decathlon Arena Stade Pierre Mauroy, dans la file d’attente pour assister à LOSC-OM. Accessible, souriant et heureux de partager ce moment en famille, l'ancien attaquant des Bleus nous fait l’honneur de répondre à nos questions en toute simplicité, juste après avoir visité le Domaine de Luchin.

Que nous vaut l’honneur de votre venue à Lille ?
J’ai mon petit-fils qui joue au foot et à qui j’avais envie de faire découvrir cet univers. Je l’ai bien connu il y a maintenant quelques années. J’ai donc contacté Jean-Michel Vandamme, lequel m’a gentiment invité à visiter le Domaine de Luchin, puis à assister à LOSC-OM. Ça a été l’occasion de retrouver d’anciens copains de l’époque où je portais le maillot lillois, comme Tony Gianquinto ou Thierry Denneulin. C’est une journée détente en famille, avec mon fils et mon fils petit-fils.

Qu’avez-vous pensé du Domaine de Luchin ?
Je ne connaissais pas du tout. Et je peux dire que c’est (il souffle) C’est quelque chose ! Si seulement on avait eu ça à notre époque ! C’est un magnifique et superbe outil de travail. Je comprends mieux maintenant pourquoi le LOSC s’installe dans le haut du classement depuis maintenant plusieurs années. Quant au Stade Pierre Mauroy, j’y étais déjà venu dans les débuts, lorsque j’étais consultant pour Canal +. J’y avais commenté un match. Là encore, c’est un autre niveau, un autre monde par rapport à ce que j’ai connu à Henri Jooris, puis Grimonprez-Jooris.

Jean-Michel Vandamme, Christian Coste et Patrick Robert

À quoi ressemblait le LOSC lorsque vous l’avez rejoint, en 1973 ?
C’était un club qui avait des moyens et des structures assez légères, je dirais. Je me rappelle des entrainements. Il était parfois difficile de trouver des endroits pour travailler au quotidien. On allait de terrain en terrain, on courait dans la foret, ou alors on s’entrainait dans les tribunes du stade Henri-Jooris. Tout a beaucoup évolué, mais ça m’a laissé tellement de bons souvenirs, que j’en parle toujours avec plaisir.

Le LOSC est un peu le club dans lequel vous vous êtes révélé, n’est-ce pas ?
On peut dire ça, oui. Je suis arrivé de Sète en Deuxième Division. J’y avais déjà marqué quelques buts. Puis Georges Peyroche, qui était l’entraîneur du LOSC, que je connaissais déjà, a souhaité me voir et m’a proposé de venir ici. Avec ma femme, on a réfléchi, puis on a décidé de tenter l’aventure, de monter dans le Nord, nous les sudistes.

 

« On me surnommait "Cow-Boy" car je courais partout, je ne m’arrêtais jamais, je me battais sur tous les ballons »

Et alors ? Quelles ont été vos impressions ?
Je dois dire que ça a été assez brutal. On est arrivé en octobre, il faisait gris, il pleuvait. Ça a été quelque chose de, disons surprenant. Mais au final, nous avons vécu ici ces quatre saisons et demi de manière très intense. Nous nous sommes fait des amis pour la vie, des gens que l’on côtoie encore aujourd’hui, 50 ans après, que j’ai revu pas plus tard que tout à l’heure. Ce sont vraiment des souvenirs mémorables. Le film « Bienvenue chez les Ch’ti » disait vrai : quand on vient dans le Nord, on pleure deux fois : quand on arrive et quand on part. C’est exactement ce que j’ai vécu ici.

C’est aussi à Lille que vous avez connu vous premières sélections en Équipe de France…
Ma première convocation, en 1974, c’est Georges Peyroche qui me l’a annoncée. Je n’y croyais pas. Je savais que ça fonctionnait bien pour moi, je marquais pas mal avec le LOSC, mais de là à être appelé en Équipe de France, il y avait un énorme palier. Mais il m’a dit que le sélectionneur, Stefan Kovács, aimait mes qualités. Il m’a donc convoqué, titularisé et j’ai eu la chance de marquer pour mon premier match (après seulement 37 minutes de jeu), face à la Pologne (victoire 0-2, le 07/09/74). Il me surnommait « Cow-Boy » car je courais partout, je ne m’arrêtais jamais, je me battais sur tous les ballons.

Que gardez-vous de ces 5 sélections chez les Bleus ?
La première fois que vous descendez sur le terrain et que vous entendez la Marseillaise, wahoo ! Ça vous prend (il répète). Ça vous prend. C’est quelque chose qui restera toujours gravé en moi. Ces sélections, je les dois à tous mes coéquipiers de l’époque qui m’ont permis de marquer des buts, que ce soit Patrick Parizon ou les autres. L’Équipe de France, c’est vraiment un autre niveau. Malheureusement, je me suis ensuite blessé avec les Bleus et ça m’a cassé dans ma progression.

Quel regard portez-vous sur le LOSC actuel ?
Je trouve que l’équipe a réalisé une belle saison, avec de grandes performances en Champions League et une nouvelle qualification européenne à la fin en Ligue 1. Le LOSC est un club qui figure souvent parmi les 4-5 meilleurs en France, qui sait faire preuve de régularité, qui s’est bien développé. On le sent sérieux, organisé et bien structuré. Ce que j’ai vu aujourd’hui à Luchin, que ce soit chez les pros ou au centre de formation confirme mon sentiment. C’est un club qu’on doit respecter parce qu’il le mérite, vraiment.


Christian Coste

Né le 23 février 1949 à Saint-Christol 
Attaquant, puis entraîneur
International français (5 sélections, 2 buts)

Clubs (comme joueur) : CS Lunel (1969-1971), Olympique Alès (1971-1972), FC Sète (1972-1974), LOSC (1973-1977), Stade de Reims (1977-1978), Stade Lavallois (1978-1979), CS Thonon (1979-1982), CS Chênois (1982-1984)

Clubs (comme entraîneur) : CS Chênois (1982-1984), Paris Saint-Germain (1985), CS Thonon (1988-1988), US Cluses-Scionzier (1988-1992), FC Annecy (1992-1993), Melun (1994-1995), JS Kabylie (2005), AS Chelles (2008-2010), AS Fontenay-Trésigny (2011-2013).

 

© Photos Marc Van Ceunebroeck / Jacques Verhaeghe / Archives LOSC