Boro Primorac : "Content de voir ce qu’est devenu le LOSC"

Saviez-vous que l’entraîneur adjoint des Gunners avait porté le maillot du LOSC dans les années 80 ? Partez à la découverte de Boro Primorac.

Il est le "First Team Coach" de l’un des plus grands clubs du monde. À 59 ans, Boro Primorac s’impose depuis 17 ans comme le bras droit d’Arsène Wenger à Arsenal. Mais avant d’accompagner l’éclosion des Ljungberg, Henry, Vieira, Touré, Fabregas et autre Van Persie, l’ancien défenseur central international yougoslave a porté le maillot des Dogues. C’était entre 1983 et 1986. L’occasion pour lui de se rappeler aux bons souvenirs de ces années lilloises.

Boro, bonjour. Remontons la machine à souvenirs. Vous arrivez au LOSC en 1983. Pouvez-vous nous expliquer le contexte de cette venue en France ?
Charly Samoy, le Directeur Sportif lillois de l’époque, m’avait repéré lors des matchs européens que j’ai joué sous le maillot d’Hajduk Split, mon ancien club. Il m’a donc contacté naturellement, car le LOSC possédait déjà pas mal de réseaux en ex-Yougoslavie. Ça s’est notamment vérifié avec les venues de Zarko Olarevic (1977-1981), Stanislav Karasi (1974-1977), Slavo Muslin (1981-1983) ou encore Dusan Savic (1983-1985).

Le changement de vie, de football ou de culture, n’a-t-il pas été trop compliqué ?
Pas vraiment car je connaissais un peu le pays pour avoir affronté des clubs français en Coupe d’Europe. Et puis j’avais déjà 28 ans. Dans les années 80, les joueurs yougoslaves ne pouvaient pas quitter le championnat national avant cet âge-là. Nous étions donc plus matures pour faire face à ces changements.


Primorac et Mottet devant Beltramini lors de Rouen-LOSC (3-1), le 3 août 1983 

Restait tout de même la barrière de la langue…
C’était forcément difficile au début, mais là encore, le LOSC m’a beaucoup aidé, ma femme et moi. Quelques jours seulement après notre arrivée dans le Nord, nous avons été invités à prendre des cours de français à l’école, du côté de Villeneuve d’Ascq. C’était important pour bien se sentir dans cette nouvelle vie. (il s’adresse au rédacteur de LOSC.fr) Bon, j’avoue que je n’ai jamais su parler le français comme toi, mais j’ai vite su le comprendre. Après six mois environ, je pouvais m’exprimer facilement.

Sans compter la présence dans l’effectif de Dusan Savic qui a pu vous aider dans cette démarche.
C’est vrai, Dusan était dans le même cas que moi, sauf qu’il avait déjà vécu une expérience en Europe la saison précédente (au Sporting Gijon). Il possédait donc déjà quelques bases d’Espagnol, ce qui aide ensuite à apprendre le Français. Pour cette question de la langue le mieux était encore d’aller au-devant des gens, de discuter, d’échanger sans se poser de questions. Il n’existe pas meilleure leçon, selon moi.

"Les derbies face à Lens ? On nous en parlait partout une semaine avant le match !"

Sur le terrain, en revanche, vous vous êtes vite imposés comme un titulaire indiscutable en défense centrale. Comment expliquez-vous une telle adaptation ?
J’ai surtout eu la chance de tomber dans une bonne équipe. Offensivement, il y avait beaucoup de talent avec des garçons comme Savic, Bureau ou Ricort. Derrière aussi, il existait du potentiel. Les joueurs avaient beau être plus jeunes, à l’image de Froger, Péan, Thomas, Robin ou Plancque, ils étaient tous très à l’écoute et disciplinés. On a beaucoup progressé au fil des mois.

Quels souvenirs gardez-vous de ces deux saisons au LOSC ?
Mes matchs les plus marquants dans le Nord étaient incontestablement les derbies face à Lens. On pouvait même parler de sommet de la saison. Le Racing était très difficile à jouer, mais on y allait avec du cœur. Durant la semaine qui précédait la rencontre, tout le monde nous en parlait dans la rue, dans les médias, à l’entraînement. On sentait la pression de ces rendez-vous à part.

Parmi les matchs marquants de l’époque, il y a aussi ce fameux LOSC-Bordeaux (5-1) en 1/16es de finale de la Coupe de France 1985. Racontez-nous.
Celui-là, je m’en souviendrai pour toujours. Déjà grâce à l’ambiance qu’il y avait à Grimonprez-Jooris ce soir-là. Et puis c’était la Coupe de France, une compétition à part et très spéciale en France, avec un important engouement populaire. D’autant qu’en face, il y avait le grand Bordeaux. On l’a emporté 5-1 et j’ai eu la chance de marquer deux fois. Cette saison-là, nous sommes finalement sortis en demi-finale contre Monaco (2-0, 0-1), mais je pense qu’on a marqué les esprits de pas mal de monde par notre parcours.

Quel regard posez-vous sur le LOSC d’aujourd’hui ?
Je suis très content de voir ce qu’il est devenu, à savoir un club de top niveau français qui est parvenu à exister sur la scène européenne. Le LOSC que j’ai connu n’avait rien à voir avec ce qu’il est maintenant, mais les valeurs restent les même. J’aime beaucoup cette ville et sa région. Je n’en garde que de bons souvenirs. Et qui sait, peut-être que je retrouverai le club la saison prochaine en coupe d’Europe avec Arsenal ? Ce serait une belle histoire pour moi.

Merci à Boro Primorac pour sa disponibilité et à Patrick Robert, le Président du LOSC Association ainsi qu’à Michel Castelain, le Manager Général des Anciens Dogues.

Boro Primorac

Né le 05/12/1953 à Mostar alors en Yougoslavie, mais aujourd’hui en Bosnie-Herzégovine
Défenseur central ou milieu de terrain défensif
International Yougoslave

Clubs successifs (joueur) : Velez Mostar (1972-1978), Hajduk Split (1978-1983), LOSC (1983-1986), AS Cannes (1986-1990)
Clubs successifs (entraîneur) : AS Cannes (1990-1992), Valenciennes FC (1992-1993), équipe nationale de Guinée (1994), Nagoya Grampus (Adjoint) (1994-1997), Arsenal (Adjoint) (1997-aujourd’hui)