Michel Seydoux : "100 matchs européens ? Un cap symbolique"

Avant la centième face à Everton FC, le Président du LOSC confie son émotion.

Jeudi à Everton, le LOSC disputera le 100e match européen de sa riche histoire. À l’heure de se retourner sur cette passionnante épopée, qui d’autre que Michel Seydoux himself était le plus à même d’évoquer ces treize ans d’Europe ? Actionnaire puis Président du LOSC depuis 2002, l’homme fort du club lillois fut de toutes ces aventures. Entretien.

Président, bonjour. Pour vous, que représente cette perspective imminente de franchir la barre des cent représentations en coupe d’Europe ?
C’est un vrai cap symbolique, surtout pour un club qui a effectué ses débuts européens en 2001. Cent matchs en treize ans, cela doit représenter quelque chose comme sept ou huit rencontres internationales par saison, si je ne me trompe pas. C’est tout à fait honorable. Vivre régulièrement ce type de compétition est l’objectif de tous les grands clubs. Nous avons beaucoup voyagé, découvert des endroits merveilleux. Bien sûr, il y eut de bons et de moins bons souvenirs, mais je préfère ne me rappeler que des belles victoires, comme à Milan…

Est-ce là votre plus beau souvenir européen ?
(sans hésiter) La question ne se pose même pas ! Même si l’AC Milan était déjà qualifiée au moment où nous nous sommes présentés là-bas, nous avons quand même réussi à gagner à San Siro (0-2, le 06/12/06). Cela représente une sacrée performance. D’autant que cette victoire nous a offert un billet pour les huitièmes de finale de la Champions League. Tiens, je me demande d’ailleurs s’il ne s’agissait pas de la première fois que nous jouions en jaune sur la scène européenne. C’est un détail de notre histoire, mais il m’a marqué.

Vous souvenez-vous du contexte des premiers pas lillois en coupe d’Europe ? C’était en 2001 à Parme…
Bien sûr. Je n’étais pas encore Président, mais déjà actionnaire du LOSC. Ce soir-là (le 08/08/01), je pense que nous nous sommes levés avant les Italiens. On a su les surprendre en pleine préparation dans un match couperet (victoire 0-2). Au retour (défaite 0-1, le 22/08/01), malgré la défaite, l’équipe s’était montrée particulièrement solide contre des Parmesans annoncés sur le papier comme nettement supérieurs. L’histoire européenne du LOSC partait alors sur de magnifiques bases.

Avec le recul de ces cent apparitions, quelle image le club renvoie-t-il aujourd’hui sur la scène européenne, selon vous ?
Je peux le dire, le LOSC dispose d’une très bonne notoriété sur le continent. Au départ, on était dans une phase de découverte, dans le sillage de nos devanciers français dont certains ont marqué l’histoire du football. Nous avons toujours gardé la même attitude vis-à-vis des clubs adverses, faisant preuve de beaucoup d’hospitalité. Si bien que cela a créé des liens qui nous servent aujourd’hui de façon concrète. Cela passe par des échanges d’informations et même des transferts. On s’est aussi servis de ces expériences pour imaginer le Domaine de Luchin, par exemple. J’ai maintenant la chance de compter plusieurs de mes homologues européens dans mon carnet d’adresse. C’est important à l’heure d’un football mondialisé.

« En une décennie, nous avons hissé le LOSC au niveau européen en termes d’installations et de professionnalisme »

 

En parlant du Domaine de Luchin, quel sentiment éprouvez-vous lorsque vous y recevez les présidents adverses ?
Honnêtement, on peut en être fiers. Sans prétention, je n’ai pas l’impression qu’il existe beaucoup de clubs étrangers, même plus riches, mieux dotés que nous dans ce secteur. Même sept ans après l’inauguration, le Domaine de Luchin impressionne. En une décennie, nous avons hissé le LOSC au niveau européen en termes d’installations et de professionnalisme. Maintenant, reste à briller sportivement de façon régulière, mais ça, c’est le plus difficile…

Quelle est votre rencontre la plus marquante avec un dirigeant étranger dans le cadre de ces rendez-vous continentaux ?
Il y en a beaucoup, qu’ils soient anciens joueurs ou ambassadeurs. J’ai notamment été marqué par l’accueil que nous avons reçu à Lisbonne, Manchester ou plus récemment à Porto. Mais au-delà de mes rencontres personnelles avec tel ou tel Président, c’est surtout la façon dont le LOSC est considéré qui me tient à cœur. Et je peux vous garantir qu’aujourd’hui, nous sommes respectés.

En treize ans d’Europe, votre club a évolué à domicile dans cinq stades, ce qui doit probablement constituer un fait unique au monde. Mais c’est aussi la preuve que le LOSC a connu plusieurs vies en une dizaine d’années, non ?
C’est vrai qu’on en a fait du chemin depuis nos débuts européens à Grimonprez-Jooris. Nous avons ensuite eu la chance de pouvoir disputer plusieurs campagnes au Stadium, puis au Stade Pierre Mauroy. Entre temps, le club a été contraint de se délocaliser, à deux reprises au Stade Félix Bollaert et une fois au Stade de France. Mais ce n’est pas ce que j’ai préféré. J’ai bien sûr apprécié le côté nomade de nos joueurs, capables de s’adapter dans toutes les conditions. Mais honnêtement, quand on a la chance de jouer l’Europe, on a envie de la vivre chez soi. Ce qui est et sera désormais le cas.

Pour conclure, comment imaginez-vous le scénario idéal de cette centième à Goodison Park, jeudi (21h05) ?
Symboliquement, la belle histoire serait qu’on gagne, bien sûr. Sur le plan purement sportif, notre ratio européen doit être assez équilibré (39 victoires, 32 nuls, 28 défaites). Il est toujours question de l’améliorer. On va donc essayer de s’imposer en Angleterre, mais ça ne sera pas simple. C’est pourquoi un match nul apparaitrait aussi comme un résultat positif. Battre Everton chez lui, c’est compliqué, vous vous en doutez…

Merci Michel Seydoux. Pour revivre en un coup d’œil la liste des 99 matchs européens du LOSC, cliquez ici.