L'interview

Dogue sur le maillot et LOSC au cœur. Lui, c’est Jo Bamba

Il est l’un des plus anciens membres de l’effectif lillois. L’un des plus utilisés aussi (176 matchs t.c.c, dont 11/11 cette saison). Dogue depuis une demi-décennie, Jonathan incarne l’ADN de ce LOSC généreux, talentueux et victorieux. Une fidélité à l’institution qui n’a d’égal que son attachement au Club, à la ville, à la région. Interview avec un vrai Lillois nommé Jo Bamba.

Que faut-il penser du début de saison lillois, selon toi ?
L’équipe est bien, il y a une bonne mentalité. Nous avons fait de gros matchs, même si on a parfois perdu des points évitables. Je trouve qu’on joue bien. Tout le groupe est optimiste. Je suis totalement confiant sur la force de l’équipe. Le classement est loin d’être figé, la saison est encore longue. On a tous conscience que bien jouer ne suffit pas, qu’il faut gagner, qu’il faut prendre des points.

Justement le style de jeu, parlons-en. En quoi la façon de jouer de ce LOSC-là est-elle différente ? Qu’est-ce qui a changé ?
(sans hésiter) On presse plus, on veut jouer plus haut, avoir le ballon le plus possible. C’est la philosophie du coach et on y adhère tous. Nous pouvons aussi nous appuyer sur des joueurs d’expérience qui aident à maîtriser le scénario du match, à gérer le rythme, à temporiser quand on est bien ou moins bien. Je trouve que notre équipe est cohérente, que nous jouons tous les uns pour les autres. Et ça se ressent sur le terrain.

Bamba

Et à titre personnel, quel regard portes-tu sur ton début de saison ? Rappelons que tu as déjà 3 buts et 3 passes décisives au compteur.
Il est vrai que je suis un peu plus décisif que la saison dernière, bien que j’aimerais l’être encore davantage. J’ai bien débuté, comme d’autres joueurs d’ailleurs. J’espère que ça va continuer.

Puisqu’on évoque le fait d’être décisif, certains observateurs ont parfois du mal à comprendre qu’un joueur offensif n’a pas uniquement vocation à marquer et à faire marquer. Que sa panoplie peut être bien plus large. Tu confirmes ?
Oui, totalement ! Lorsqu’on analyse le travail d’un attaquant, on a souvent tendance à se focaliser sur les buts et les passes dé’. Moi, mon travail est évidemment de marquer et de faire marquer, mais pas que. J’ai aussi d’autres tâches à remplir, notamment dans le repli défensif, dans le fait d’aider l’équipe. Je prends d’ailleurs du plaisir sur le terrain à aider mes partenaires, à donner un coup de main aux défenseurs. Le fait de gagner des matchs en équipe, c’est le top pour moi.

Penses-tu que ton style de jeu à évolué au fil du temps, toi l’attaquant de formation ?
Certainement, oui. Mon football a changé. Après, tout dépend aussi du style de jeu pratiqué par l’équipe, des consignes des différents entraîneurs. Certains peuvent te demander un plus grand repli défensif, de jouer un cran plus bas, ou plus haut. Paulo Fonseca me demande d’être un peu plus présent dans la surface adverse. Le fait de jouer plus haut va donc forcément me permettre de me montrer plus décisif.

bamba

Depuis ton arrivée au LOSC, tu as connu trois entraîneurs (Christophe Galtier, Jocelyn Gourvennec et Paulo Fonseca). Tous t’ont titularisé de façon régulière. Comment expliques-tu que tu fasses à chaque fois l’unanimité ?
(il sourit) Bonne question. Ça, je ne saurais pas l’expliquer. Peut-être que le coach voit que je me donne à fond pour l’équipe, que je ne triche pas. C’est important ça. Je suis un joueur d’équipe, j’ai un côté altruiste qui me permet d’aider mes partenaires à bien jouer, à les mettre dans les meilleures conditions. Et c’est d’ailleurs quelque chose qui m’apporte du plaisir sur le terrain.

Dimanche contre Monaco, tu pourrais passer le cap des 1 000 minutes jouées cette saison (il en est à 972). Chaque année, tu figures parmi les Dogues les plus utilisés. Comment encaisses-tu cette charge de travail, surtout à un poste où les courses à haute intensité sont fréquentes ?
C’est vrai que ce n’est pas facile, mais j’ai cette chance d’avoir le physique pour, de ne pas avoir trop de pépin et donc de pouvoir enchaîner le maximum de matchs. Mon hygiène de vie, la connaissance de mon corps, mais aussi le travail avec mes partenaires et le staff me permettent d’être dans les meilleures dispositions pour rester performant. Et puis l’enchainement des matchs me permet aussi d’être bien physiquement.

"La victoire figure dans l’ADN du LOSC. Le club est habitué à gagner. Tout joueur qui arrive ici sait qu’il vient pour jouer le haut du tableau, pour gagner"

BambaAujourd’hui, tu es le deuxième plus ancien membre de l’effectif (après Adam Jakubech). Cela te confère-t-il une place particulière dans le groupe ?
Une place particulière, je ne sais pas, je ne pense pas. En tout cas je ne dirais pas ça. Je pense surtout avoir un rôle par rapport aux jeunes. J’ai cette expérience à leur apporter, comme d’anciens joueurs m’ont apporté la leur lorsque je commençais ma carrière. Comment la transmettre ? Déjà, il faut que le jeune soit à l’écoute. C’est le cas chez nous. Nous avons vraiment de bons jeunes qui veulent progresser. Ensuite, il faut être irréprochable sur le terrain et à l’entraînement, montrer l’exemple, ne pas tricher. Ça permet d’avoir une voix légitime.

Tu es également (avec José Fonte, Tiago Djalo, Benjamin André, Jonathan David, Timothy Weah ou encore Lucas Chevalier et Isaac Lihadji) l’un des derniers membres du groupe champion de France en 2021. Te sens-tu garant d’un état d’esprit à transmettre ?
Oui et non. Je pense que la victoire figure de toute manière dans l’ADN du LOSC. Le club est habitué à gagner. Tout joueur qui arrive ici sait qu’il vient pour jouer le haut du tableau, pour gagner. J’essaye de conseiller les joueurs qui sont un peu dans le dur, même si certains ont ce rôle-là de façon plus définie, comme José ou Benjamin. Mais je suis toujours ouvert pour aider. Avec d’autres mots. Je n’hésite jamais à le faire.

Bamba

Tu entames ta cinquième saison au LOSC, mais aussi, de fait, ta cinquième année de vie dans la région. Comment te sens-tu ici ?
Très bien (il insiste) Très, très bien. J’ai un bon exemple pour l’illustrer. Je suis originaire de région parisienne. Ma famille y vit toujours. Paris, ce n’est pas loin, comme vous le savez. Et pourtant, je n’y suis jamais. Ce sont eux qui viennent ici pour me voir. C’est bien la preuve qu’on se sent bien à Lille. La ville est saine, tranquille, il y a de beaux endroits pour être au calme, pour profiter. De bons restaurants aussi. C’est vraiment le top.

Tu n'es pas né dans le Nord. Tu n’as pas grandi ici, mais pour autant, te sens-tu Lillois ?
Oui, clairement. Aujourd’hui, je me sens Lillois et Nordiste. C’est une belle ville, une belle région dans laquelle je pourrais même me projeter en après carrière. Je m’y sens bien, les gens sont super cools, sympas, accueillants et chaleureux. Je ne reçois que des témoignages de sympathie quand je marche dans la rue. Je me sens apprécié. Même lorsque ça va moins bien sur le terrain, qu’on gagne ou qu’on perde, les gens sont toujours respectueux. Et ça, c’est important.

bamba

En parlant de témoignages de sympathie, comment as-tu vécu l’après Derby dans ta vie de tous les jours ?
(il se marre) On m’en a beaucoup, beaucoup, beaucoup parlé et on m’en parle d’ailleurs encore aujourd’hui, deux semaines après. Partout, dans la vie de tous les jours, quand je marche dans la rue, quand je fais les courses, sur les réseaux… Même mes voisins m’ont félicité pour notre victoire dans le Derby. Les supporters que je croise me disent qu’ils ont vécu une soirée formidable. Ils me parlent aussi beaucoup de l’ambiance. On sentait une immense attente. Même les joueurs qui viennent d’arriver l’ont ressentie. Ils ont vite été mis au parfum de ce que ça représentait ici. On sait que les supporters ont souffert la saison dernière vis-à-vis des Derbies. Nous aussi. Alors on avait à cœur de leur apporter du plaisir et ça s’est ressenti sur le terrain, on a été à 100%.

Qu’est-ce que tu aimes au LOSC ?
J’aime surtout ses valeurs. Je suis un compétiteur, un vainqueur. Le fait d’être dans un club ambitieux, qui veut toujours gagner me plait. C’est ce que j’aime. Le LOSC m’a énormément apporté et m'apporte encore sur le plan individuel, que ce soit sportivement ou dans ma vie personnelle. Je reçois beaucoup des Lillois. Franchement, je ne saurais pas comment rendre ce qu’on m’a donné. La seule chose que je puisse faire, c’est être toujours à fond sur le terrain. Alors c’est ce que j’essaye de faire.

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