L'avant-match

Pascal Cygan, né à Lens, mais légende du LOSC

Ce samedi (17h), Lillois et Lensois croiseront le fer pour un match légendaire : le Derby du Nord. Un face à face entre deux voisins et rivaux qui passionne toute une région depuis presque cent ans. Formé, puis révélé au LOSC, Pascal Cygan fait figure de joueur emblématique chez les Dogues. Mais saviez-vous que l’ancien défenseur central (1995-2002), également passé par Arsenal, était né à Lens ?  

Une semaine forcément spéciale

« La semaine qui précède le Derby est toujours particulière pour les joueurs comme pour les supporters. On a tous des amis dans le camp d’en face. À mon époque, on ne se côtoyait pas du tout en dehors du terrain. C’est paradoxalement plutôt aujourd’hui qu’on commence à avoir des affinités avec d’ex joueurs lensois, lorsqu’on se retrouve lors de matchs d’anciens. Durant cette semaine d’avant Derby, on sent aussi beaucoup plus de ferveur. Pour beaucoup, c’est le match de l’année. Les joueurs le savent et veulent faire plaisir à leurs supporters. »

 

Un match comme un autre. Vraiment ?

« Pour moi, le Derby n’a jamais représenté un match particulier. J’ai toujours considéré qu’il valait autant qu’un Lille-Brest, qu’un Lille-Montpellier, ou qu’un Lille-Paris. Il y a trois points en jeu à chaque fois et on ne doit jamais oublier que la finalité, c’est le résultat. J’ai eu cette approche tout au long de ma carrière en jouant tous les matchs à fond avec pour seul objectif de ne pas avoir de regret. Car c’est ça le plus triste : finir une rencontre en ayant des regrets. »

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Son "vrai" derby n’est pas LOSC-RCL

« Après, bien entendu que pour un Nordiste, un Lille-Lens est toujours un match symboliquement à part. J’avais des cousins supporters lensois qui jouaient dans des clubs du 6-2, donc on en parlait beaucoup entre nous. Mais très sincèrement, je ressentais plus d’émotions à affronter Wasquehal qui était mon ancien club et dans lequel jouait mon frère, Thierry. C’était ça mon derby à moi. Même s’il était moins prestigieux que Lille-Lens. Et puis à ce moment-là, j’étais arrière gauche et lui arrière droit, donc quand il y avait des ballons entre deux, on se retrouvait vraiment face à face. »

 

Tony Vairelles ? Difficile à marquer

« Malgré tout, je garde beaucoup de souvenirs des Lille-Lens. Je me souviens que j’avais du mal à tenir Tony Vairelles au marquage. C’était un attaquant qui courait beaucoup et vite, qui pressait. Tout ce que je n’aimais pas. Un peu comme El Hadji Diouf après lui. Je préférais me confronter à un grand gabarit plus costaud et qui jouait en remiseur qu’à un attaquant véloce. Il n’y avait pas d’animosité entre nous. On se battait simplement sur chaque ballon. De toute façon, dès que tu en perdais deux ou trois, tu avais Vahid qui te le faisait sentir sur le banc… »

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Né à Lens, mais jamais joueur au RCL

« Mes grands-parents, qui sont d’origine polonaise, ont habité quasiment toute leur vie en région lensoise. Mes parents sont respectivement nés à Noyelles et Rouvroy. Ma famille est donc vraiment issue du bassin minier. Mais je n’ai jamais vécu là-bas. Mon père était gendarme mobile. Nous habitions au sein même de la Gendarmerie, à Villeneuve d’Ascq. Vu qu’il voyageait beaucoup pour son travail, ma mère a décidé d’accoucher près de chez ses parents. C’est pour cela que nous sommes nés à Lens. »

 

Parti de la préfo’ du LOSC, à cause… de la buvette

« Enfant, je n’avais pas d’attachement particulier à un club. Mon père n’était pas très foot, mais avec mon frère, on aimait bien. Quand on était petit, il nous a d’abord inscrit au LOSC. À l’époque, ce n’était pas comme aujourd’hui, on jouait sur le stade Max, le terrain rouge en face de Grimonprez-Jooris, mais les conditions pour les spectateurs et accompagnants n’étaient pas idéales. On ne pouvait par exemple pas s’abriter du vent et de la pluie. Il nous a donc changé de club. On s’est retrouvé à Wasquehal, qui était un club convivial. Et en plus, il y avait une buvette près du terrain. »

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Evincé de Valenciennes, révélé à Wasquehal

« Nous avons ensuite été tous les deux recrutés par Valenciennes, pour y intégrer le centre de formation. Mais nous n’avons pas été gardés. Nous sommes donc repartis à Wasquehal où dès ma première saison, je termine champion de National 2. Un jour, Jean Fernandez, qui était alors l’entraineur du LOSC, vient nous voir à l’entraînement. Il voulait recruter Manu Clément-Demange pour le LOSC. Mais il n’était pas là ce jour-là. Il m’a finalement remarqué pendant la séance et m’a débauché. Je me suis donc retrouvé de nouveau à Lille, en D1. La première saison (1995-1996), on se maintient (17ème), avant de descendre l’année suivante (1996-1997, 19ème). »

 

Le "virage" Vahid

« Quand Vahid Halilhodzic arrive pour remplacer Thierry Froger, en 1998, il chamboule totalement notre quotidien et notre petit confort. Le LOSC est alors considéré comme un gros club de D2, mais il est 17ème au classement. On n’arrive plus à mettre un pied devant l’autre. Alors il nous a mis un coup de pied au cul, nous a fait beaucoup courir. On ne pouvait pas protester, on était nuls, on filait tout droit vers le National. On n’avait rien à dire à part se taire et bosser. Il a décidé de me replacer en défense centrale. Cette saison-là (1998-1999), on passe de la 17ème place à la 4ème, ratant la montée à un but. Puis la saison suivante (1999-2000), sur la même dynamique, on gagne le championnat en explosant le record du nombre de points (83). »

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« Tu n’as pas le niveau pour passer pro »

« Il est clair que sans ces années-là, sans ce travail, je n’aurais certainement pas connu la même carrière ensuite. C’est aussi la preuve qu’un groupe, qu’un joueur mis dans les bonnes dispositions est capable de grandes choses. On m’avait dit à Valenciennes que je n’aurais pas le niveau pour jouer chez les pros, ni même au-dessus de la 5ème division. Un an plus tard, je gagne le championnat de N2, deux ans après, je suis en D1, puis quelques années après, je signe à Arsenal avec qui je signe le doublé Coupe-Championnat d’Angleterre (2004). Je vais ensuite à Villarreal avec qui je suis vice-champion derrière le Real (2008). Il y a forcément un peu de chance. Si je suis blessé le jour où Jean Fernandez vient nous voir à Wasquehal, peut-être que rien ne se passe comme ça derrière. »

 

De la chance, mais pas que…

« J’ai appris beaucoup plus tard que quand j’étais au LOSC, j’étais suivi depuis 2 ans par Gilles Grimandi, le scout en chef d’Arsenal en France. Arsène Wenger me supervisait, mais avait un doute sur ma capacité à me hisser au niveau de la Premier League. Apparemment, ce n’est qu’après notre match de Champions League avec le LOSC contre Manchester United en 2001 qu’il a considéré qu’il pouvait me faire confiance, lorsqu’il a vu que j’avais réussi à museler Van Nistelrooy. »

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Samedi, tu vas regarder le derby ?

« Evidement ! Je vais essayer de trouver des places, mais je pense que ça ne va pas être facile. Pour qui je serai ? À ton avis ? Tu n’as pas le droit de poser cette question ! (sourire) Ce sera un match équilibré. Il y a encore deux mois, je t’aurais dit que Lens était favori car il développait un football virevoltant, efficace. Mais les Lensois semblent moins bien ces derniers temps avec plusieurs matchs nuls consécutifs. Et en face, on sent un LOSC qui maîtrise de mieux en mieux ses matchs, qui ne s’affole pas quand il est mené au score. Les idées de Paulo Fonseca se mettent en place. Ce sont des points positifs qui vont forcément servir aux Lillois pour le Derby. »

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