Féminines

Taylor Beitz : "Un clean sheet ? C'est un travail collectif et individuel"

La portière de 26 ans, Taylor Beitz, née dans la capitale canadienne (Ottawa) a posé ses bagages dans le Nord à l’été 2023. Elle qui dans sa carrière a connu le championnat universitaire américain avant d’arriver à Yzeure (France), avec qui elle a notamment disputé une finale de Coupe de France face au PSG en 2022.

La gardienne a pu se confier entre autres sur sa famille, les qualités pour pouvoir évoluer à ce poste, sa relation avec Olivia Mbala et l’opposition face à Metz.

Tu vis loin de ta famille, à plus de 5000 km, comment arrives-tu à gérer cet éloignement au quotidien ?
Ça serait mentir de dire que c'est toujours facile, mais je suis habituée. J'ai quitté la maison familiale très jeune à 17 ans pour aller à l'université aux États-Unis, donc j'ai l'expérience maintenant à 26 ans. J'ai la chance d'avoir de superbes copines dans l'équipe, notamment Olivia (Mbala) et Kedie (Johnson) qui m'aident à gérer ça. Nous sommes très proches au quotidien, on a toutes vécu la même chose, on comprend les émotions des autres. Toute ma famille est au Canada et quand on arrive à la fin de saison, c'est bientôt la trêve, ce qui signifie pour moi un retour dans ma famille.

Tu as passé autant de saisons dans le championnat universitaire américain qu’en France (4). Quelles sont les différences notables d’un point de vue sportif que tu as pu constater entre les États-Unis et la France ?
Oui, il y a des différences. Personnellement, j'ai eu la chance d'aller dans de grandes universités, un an à celle du Minnesota et trois ans à celle d'Arkansas avec un projet sportif ambitieux et de superbes infrastructures. On avait tout à notre disposition, que ce soit dans les entraînements, les équipements, la récupération et sur les voyages. Nous étions en jet privé (rire). Quand je suis arrivée en France, mon premier club était Yzeure. Je suis passée d'un jet privé à un mini-bus, ça change beaucoup (sourire), mais ça m'a fait du bien de retrouver de l'humilité.


Quelles sont pour toi les qualités essentielles pour être performante à ce poste dans le football moderne ?
Dans le football moderne, le jeu au pied est devenu primordial. Il faut être capable de jouer comme un défenseur et de s’insérer dans le jeu. Ensuite, je dirais le jeu aérien. Il faut être la patronne dans tes six mètres et même dans la surface de réparation en général. Je pense qu’une autre qualité que l’on entend moins, c’est la concentration. À très haut niveau, c'est une chose fondamentale. La difficulté, c'est de toujours le rester. Au match aller, j’ai d’ailleurs arrêté un penalty dans les derniers instants. Il faut en quelque sorte rester dans une bulle.

Globalement, comment jugerais tu la saison de l’équipe ?
Je pense que c’est une saison où on aurait pu mieux faire, on avait des objectifs assez élevés, mais dans notre sport, on ne maitrise pas tout et l’important, c’est de savoir rebondir. On a eu également pas mal de blessures qui ont coupé notre élan du début de saison. En revanche, il faut bien finir, il reste quatre matchs, on va gratter le maximum de points possible et à la fin, on n’aura pas de regrets, car on sait qu’on a de nombreuses qualités. Le groupe vit bien, personnellement, je m’y sens bien. De mon arrivée à aujourd'hui, cela s’est toujours bien passé, je me sens comme chez moi et ça se voit sur le terrain. On doit garder le positif dans ce qu’on fait pour nous permettre d’aller de l’avant.

Peux-tu nous raconter en détail ta relation avec la deuxième canadienne de l’équipe : Olivia Mbala ?
Nous sommes super proches, je rajoute également Kedie car on est tout le temps ensemble. D’avoir ce lien canadien, ça aide surtout quand nos familles viennent, c'est notre deuxième famille. On a vécu presque la même enfance, donc on se comprend. Nous ne sommes qu’à trois heures d’écart au Canada, entre Ottawa et Toronto. C’est en grande partie grâce à elle et Kedie que mon adaptation s'est faite aussi rapidement. Merci à elles !

Le prochain match est face à Metz. Cette équipe, vous l’avez battue au match aller et qui plus est avec un clean sheet pour toi (1-0). Quelles sont les émotions que procure un clean sheet ?
À notre poste, c'est l’objectif à chaque match, cette année, j'aurais aimé en avoir un peu plus, car je cherche toujours à me perfectionner. Un clean sheet, c'est la validation d'un bon travail collectif et individuel. Pour parler des émotions, il n'y a pas meilleur exemple que le match aller. C'était un match très disputé, mais grâce à la concentration que j'ai pu garder, j'ai arrêté le penalty pour donner la victoire à l'équipe. Ce sont des émotions fortes. C'est un poste ingrat à haute pression, tu n'as pas le droit à l'erreur. La pression est un privilège pour moi car cela signifie que tu réalises quelque chose d'important.

Comment abordez-vous cette rencontre dans laquelle vous allez jouer devant plus de 6500 personnes ?
C’est une belle initiative mise en place par le club de Metz de pouvoir nous recevoir dans de telles conditions. Merci à eux. On a déjà vécu ça cette saison lorsqu’on s’est déplacées au Stadium de Toulouse. Il y avait environ 8 à 9000 spectateurs et ça, c'était génial et j’espère qu’on aura une autre expérience positive dans un stade garni. C’est une magnifique vitrine pour le football féminin !

FC Metz - LOSC : dimanche 13 avril, 15h
Stade Saint-Symphorien